Les monstres dont les écrivains se sont plus à raconter les exploits suscitent l’effroi et la révolte.
Ils ne font en fait que donner une image de l’envers de soi-même.
une plongée dans l'univers paradoxal de l'inconscient.
Généralement, lorsque l’idée du monstre s’impose à notre esprit, il évoque toujours une chose horrible, une créature abominable frappant par sa laideur et son énormité et générant la peur chez celui à qui elle est confrontée. Il n’en a pas toujours été ainsi cependant. A l’origine, le terme désignait simplement un prodige, un fait étrange et différent par rapport à ce qui était considéré comme la norme. Tel était précisément le sens qu’il prenait chez les Latins, lequel du reste l’apparente au verbe montrer.
Aujourd’hui, le thème du monstre, dans l’univers de la création artistique, évoque le domaine fantastique. Il est l’héritier de toutes les créatures combattues par les héros mythologiques au sein des religions païennes. Or, de tels récits ne font qu’illustrer de façon très imagée l’action entreprise par l’être humain alors au faite de sa jeunesse pour s’édifier, se bâtir une personnalité. Gorgone, chimère, hydre chacune symbolise une défaillance particulière de la nature humaine. Les êtres au caractère fantastique et surnaturel rencontrés dans les narrations littéraires ne font que reprendre le schéma. Comme tels, ils demeurent une image de notre inconscient.
Mais précisément, quelle est l’attitude que chacun d’entre nous doit avoir envers celui-ci ? Doit-on systématiquement rester en retrait et garder à son égard une attitude hostile ou est-il préférable de l’aborder avec confiance et sérénité ? C’est là tout le problème posé par la vie psychologique humaine.
Diversité du monstre dans l’imaginaire fantastique.
Avant d’appréhender comme il convient l’image du monstre, il nous faut tenter de définir au mieux ce que représente le genre fantastique. Apparu vers le milieu du XVIIIe siècle dans la littérature occidentale, il avait pour objet de compenser l’excès de rationalisme qui avait cours alors à l’époque des Lumières. Le fantastique a trait à tout ce qui est contraire à la réalité telle que nous la font percevoir nos sens, exprime l’irruption du mystère et de l’irrationnel au sein du monde visible. Ainsi nous permet-il de voir l’envers de la réalité en suscitant le doute dans notre esprit. Sa fonction apparaît alors qui est de nous faire prendre conscience de tout ce que l’homme a refoulé en lui au fur et à mesure qu’il édifiait sa civilisation et prenait ses distances avec le monde naturel. Ainsi nous aide-t-il à mieux intégrer notre inconscient en nous donnant une connaissance plus essentielle de l’univers, en exprimant de la façon la plus simple tous les symboles de l’imaginaire humain. Plus réaliste est l’environnement familier où il se manifeste, plus fort est par contraste son pouvoir de fascination sur les esprits.
Il est d’usage d’établir une distinction entre le fantastique pur et ce que l’on appelle la science fiction. Les deux genres n’en appartiennent pas moins à la même famille de création littéraire par le rapport qu’ils entretiennent avec l’âme. Contrairement au fantastique par excellence, la science fiction se désintéresse de toutes les manifestations surnaturelles et préfère rester en phase avec les comportements rationnels. A partir d’une base scientifique réelle, voire d’un état social présent, elle tente de montrer ce que seront leurs conséquences positives ou négatives dans un avenir plus ou moins lointain. Pour cette raison, les romans appartenant à cette catégorie peuvent très vite devenir démodés dans la mesure où sans cesse évoluent les conditions sociales, culturelles, techniques du monde environnant. Pourtant, l’imagination qu’ils déploient, voire l’angoisse qu’ils tentent de provoquer peuvent toujours parler à notre esprit si le talent de l’écrivain a su dégager le caractère universel des faits évoqués. Les monstres traditionnels que l’on trouve dans les romans de science-fiction, extra-terrestres, mutants, robots, peuvent en effet personnifier des excès de comportements humains restés toujours présents alors même que sont devenus désuètes les préoccupations du moment les ayant générés. Les romans de Jules Verne, qui passaient en leur temps pour extrapoler de la manière la plus large toutes les innovations techniques de l’époque, n’en gardent pas moins aujourd’hui leur charme par le parcours spirituel auquel ils convient l’individu.
Peu ou prou, le caractère insolite ressortant des récits fantastiques s’explique par la présence au sein de ces derniers d’un monstre. Mais la forme revêtue par celui-ci peut être variée. Tombe sous cette dénomination toute chose au caractère irréelle que n’accepte pas la raison reconnue. Pourtant, par la fascination qu’elle exerce sur nos esprits elle n’en montre pas moins la force d’expression émanant du fantastique et qui lui donne sa propre réalité. Cette tendance témoignée par ce genre à vouloir interroger nos consciences s’affirme avec le monstre dans toute sa puissance. Car la vocation de ce dernier est bien de nous heurter, de nous frapper violemment, et au delà de la faculté que nous avons à penser rationnellement, de toucher nos âmes et nos cœurs. Le monstre s’exprime en se confrontant à notre raison, en mettant à l’épreuve celle-ci et en lui faisant considérer les aspects les plus profonds et les plus divers de la nature humaine. Il est ce par rapport à quoi se justifie notre entendement.
Dés lors, une fois accepté ce principe, on peut appliquer le terme de monstre à toute sorte d’éléments. S’il peut désigner maintes créatures vivantes, il peut tout aussi bien concerner des entités tombant sous le même jugement, mais n’ayant rien de vivant ou d’animée. Ainsi peut être considéré comme un monstre un simple tableau comme celui du Portrait de Dorian Gray d’Oscar Wilde ou du Portrait ovale d’Edgar Poe, voire une planète comme Aventures sans pareil d’un certain Hans Pfaal, du même Edgar Poe. L’essentiel est que soit toujours présente sa signification profonde qui le met en vis-à-vis avec la conscience humaine.
Le monstre, notre mauvais génie.
C’est d’abord un caractère inquiétant que prend le monstre et la première réaction est de l’assimiler au mal, comme le fait le héros de L’homme qui rétrécit confronté à une gigantesque araignée, symbole pour lui de « toutes les terreurs du monde, connues et inconnues, confondues en une horreur rampante armée de crocs venimeux […] toutes les angoisses, toutes les appréhensions, toutes les peurs de sa vie incarnées en une abominable forme noire »1.
Dans cette conception, le rapport entretenu avec lui est un rapport de lutte. Le monstre, en effet, représente là un démon intérieur nous incitant à mal agir, à nous conduire à l’encontre de la nature. Exerçant en l’occurrence son empire sur les divers protagonistes du récit, il y apparaît comme un être hostile suscitant la peur. Toute l’intrigue de la narration se résume alors en un combat livré contre lui afin de le détruire, image de la lutte menée par la conscience contre les pulsions profondes qui l’agitent. Tel est précisément le canevas de Dracula de Bram Stocker. A l’époque victorienne, période marquée par un rigorisme moral intransigeant dans les mœurs sociales, le vampire symbolisait tous les désirs de la sensualité refoulés par un puritanisme triomphant. La poursuite du monstre engagée par les héros du roman qui allèrent le débusquer jusque dans son château de Transylvanie s’apparente à une introspection de l’âme au sein de l’inconscient visant à déceler les raisons secrètes présidant aux actes réprouvés par la censure sociale.
Ce caractère effrayant attaché à de telles créatures est présent dans l’univers de Lovecraft. Issu d’un milieu conservateur, bien représenté dans sa ville de Providence dans l’Etat de Rhode Island, l’écrivain était tenaillé par une angoisse profonde, sujet à de nombreuses phobies, issues de sa répulsion pour toute sorte de dégénérescence ou de folie. A partir de là, il a imaginé des êtres immondes, issus des temps les plus reculés, et qui un jour, à l’image du Léviathan de l’Ancien Testament, sortiraient de la mer subjuguer l’humanité.
Effectivement, il peut arriver que le mauvais génie nous animant puisse triompher et prendre possession de notre âme ainsi qu’il advint dans L’étrange cas du Docteur Jekyll et de Mister Hyde de Stevenson. Dans Le Marchand de sable d’Hoffmann, le personnage de Coppelius par qui le héros se croit persécuté finit par causer la mort de ce dernier. Image d’une peur irréfléchie possédant l’esprit du personnage, il introduit chez le lecteur le sentiment d’une présence latente le possédant tout entier.
Il peut advenir aussi qu’une telle présence puisse s’accompagner d’une dimension psychologique exprimée tout au long de l’œuvre, ainsi dans Le Tour d’écrou d’Henri James. Les fantômes assaillant son héroïne, une gouvernante chargée de l’éducation de deux enfant, cherchent à entraîner vers l’abîme ses jeunes protégés. Leur apparition est pour elle occasion de s’interroger sur l’attitude toute de réserve prise par ces derniers face au phénomène.
Précisément, le monstre qui règne dans le monde environnant, succédané de notre propre monstre intérieur, n’est pas toujours perceptible par notre conscience, à l’image de l’homme invisible imaginé par Wells et qui personnifie le mal quand son existence reste obscure, la science agissant en dépit du bon sens. En fin de compte, on réalise que tout dépend du choix décidé par le héros dans sa confrontation avec son démon. On comprend alors que le thème de Faust et de Méphistophélès, si cher à Goethe, offre une excellente synthèse d’une telle relation. Très justement, l’être qui s’est laissé possédé par le monstre, image de ses pulsions négatives, est celui qui a pactisé avec le diable, « prince de ce monde », au lieu de le forcer à se retirer. C’est celui qui pense que pour atteindre son but, si noble soit-il, tous les moyens lui sont permis, à l’image de Adolphe Hitler voulant régénérer le monde après l’avoir préalablement mis à feu et à sang.
Le monstre, expression de la puissance de la nature et de l’inconscient.
Il s’en faut de beaucoup cependant que le monstre ait ce seul caractère négatif et maléfique au sein de la littérature fantastique, tant s’en faut. Il peut revêtir une image bien plus neutre en représentant simplement l’idée de puissance.
Dans l’univers mythologique existe une différence fondamentale entre le dragon occidental et le dragon chinois. On sait que le premier est l’être assimilé à Satan, le symbole du mal régnant en souverain maître ici-bas. Différent est son homologue de l’empire du Milieu. Celui-ci représente non le mal mais la puissance, celle de la nature s’entend, de notre nature, les forces irrationnelles présentes en nous qui peuvent nous subjuguer si nous n’y prenons garde. Ni bon ni mauvais, il représente le monde naturel tel quel, qui peut certes nous être hostile mais aussi nous prodiguer ses bienfaits si nous avons l’attitude la plus adéquate à son égard. Ainsi personnifie-t-il, dans toute sa diversité psychologique, le monde immense de notre inconscient, auquel on doit se confronter pour le canaliser à notre meilleur profit. Qu’il ait été représenté par un animal fabuleux plutôt qu’un animal réel est bien significatif. « Ces images n’auraient pas été forgées, ces monstres n’auraient pas servi d’expressions symboliques si cela ne répondait en nous à quelque besoin […]. Seul un animal particulièrement compliqué et irréel pouvait exprimer, semble-t-il, un élément psychique étranger lui aussi à la réalité concrète »2.
Généralement, la force de cette créature, son indépendance à l’égard de toute considération positive ou négative, sont bien mises en valeur dans la littérature lorsque les personnages ont une personnalité trouble, en rupture avec la morale établie. Le monstre fait alors sentir toute son influence sur leur âme. L’ambiguïté de cet être est très nette dans Frankenstein de Mary Shelley. A la créature hideuse créée par un savant épris d’idéalisme est donnée la possibilité de s’exprimer, de raconter son histoire et de défendre son point de vue. Alors est introduit le doute dans l’esprit du lecteur, lequel, s’il reste moralement avec le héros narrateur de l’œuvre n’en demeure pas moins compréhensif envers la créature.
C’est ainsi que Edgar Allan Poe, dans ses Histoires extraordinaires, a montré moult exemples de phénomènes mettant bien en lumière par leur caractère insolite les dérives auxquelles se complaisent souvent à céder les consciences humaines. La richesse et la diversité des thèmes évoqués, par l’intermédiaire d’un cheval dans Metzengerstein, d’une momie dans Dialogue avec la momie, sont bien là pour nous faire prendre conscience de l’importance de notre monde intérieur, de la nécessité de l’accepter et de composer avec lui. Que l’on songe par exemple à Descente dans le Maelström, qui relate l’aventure de trois hommes pris dans un immense tourbillon marin, image supérieure de l’omnipotence des forces naturelles à laquelle seul échappe celui qui a su rester maître de lui-même en usant de sa simple intelligence d’homme. Le monstre qui nous habite peut tout simplement représenter la mort, celle évoquée par l’écrivain dans Le masque de la mort rouge. Ni bénéfique ni maléfique, elle exprime seulement une présence manifeste s’imposant à tous les êtres quels qu’ils soient.
L’auteur des Histoires extraordinaires a aussi tenté de nous suggérer l’existence à l’intérieur de nous-mêmes d’un être latent appelé par lui « démon de la perversité ». C’est l’image d’un inconscient ignoré, confronté à des héros torturés, tenaillés par l’angoisse et le remords. Ainsi William Wilson, l’homme commettant des actes peu scrupuleux, voit se dresser devant lui un double le faisant systématiquement échouer dans ses entreprises. Lorsqu’enfin, il parvient à l’anéantir, c’est seulement après l’avoir entendu dire « Tu as vaincu, et je succombe. Mais dorénavant tu es mort aussi, - mort au Monde, au Ciel et à l’Espérance ! En moi tu existais, - et vois dans ma mort, vois par cette image qui est la tienne, comme tu t’es radicalement assassiné toi-même ! »3. Effectivement, le monstre est un autre soi-même avec qui il nous faut toujours composer sous peine de perdre notre âme, ce qu’exprimait bien Poe quand il évoquait la présence à l’intérieur de nous-mêmes d’une impulsion qui « parfois sert à l’accomplissement du bien »4.
Pour être au mieux exprimée, l’âme ne peut ignorer la dimension fondamentale de notre nature représentée par notre partie animale. Cela, Jonathan Swift l’a bien montré dans le quatrième des Voyage de Gulliver, Voyage chez les Houyhnhnms, lors duquel son héros arrive dans un monde où les hommes sont dominés par des chevaux intelligents et d’une grande vertu. C’est le mythe de l’homme qui, s’il méprise trop sa nature animale, peut un jour être dominée par elle, thème repris par Pierre Boulle dans La planète des singes.
Outre ce caractère pertinent et très prononcé, il peut aussi advenir que le monstre puisse se manifester sous les traits du merveilleux. Dans ces occasions, il se présente comme une image au caractère irréel, laquelle vise alors à combler certaines déficiences de notre civilisation, ainsi l’astre de la nuit dans toute sa splendeur. Jules Verne s’est magnifiquement essayé à montrer ce dernier sous cet aspect dans ses deux romans De la Terre à la Lune et Autour de la Lune. Le Rêve est à la raison ce que l’oxygène est à notre corps, une puissance qui nous permet de vivre et facilite notre progression personnelle. Plus les trois voyageurs imaginés par le romancier s’approche de l’astre lunaire, plus celui-ci, par l’intermédiaire des visions fantaisistes du Français Michel Ardan, leur apparaît doué d’une vie propre et imagée. Après tout, comme le pensent les Orientaux, n’allons-nous pas tous les jours dans la Lune, c’est à dire ne nourrissons-nous pas sans arrêt aspirations, désirs, rêves que nous voudrions réaliser ? Avec la même force ceux-ci sont présents dans les Chroniques martiennes de Bradburry. La présence toute discrète des Martiens sur la planète rouge n’en suggère pas moins chez nous la nécessité de dépasser nos préjugés de groupes et d’accepter la confrontation avec l’autre dans toute sa différence.
Le monstre, personnage principal de la narration.
Il peut arriver dans certains récits que le monstre soit le héros principal. Précisément, l’histoire de La Métamorphose de Kafka se déroule du point de vue de Grégoire Samsa son principal protagoniste, brutalement devenu un cafard ! La «véritable vermine » en laquelle il s’est retrouvé transformé n’est que l’image de la solitude et de la difficulté à communiquer guettant chaque homme, en particulier Kafka qui a exprimé là ses angoisses.
C’est ainsi que s’identifier à cet être et suivre son parcours tout au long de l’œuvre permet de considérer le monde réel d’un autre œil et d’en percevoir plus aisément toutes ses « monstruosités ». C’est ce qui se produit dans L’homme qui rétrécit de Matheson. Sous l’action d’un pesticide aux effets renforcés par un nuage radioactif, Scott, son héros se voit diminuer de façon permanente jusqu’à devenir minuscule. Le monde qui l’entoure devient de plus en plus menaçant, l’image d’un univers dans lequel l’homme risque de sombrer sous le poids de ses propres excès. Ce rapport ambigu entre l’univers et le monstre est tout aussi pertinent dans A la poursuite des Slans de Van Vogt où l’on voit un mutant en lutte contre les hommes perçus là comme des êtres hostiles.
Quelle que soit l’optique que l’on adopte, le monstre est toujours le relais de l’imaginaire. S’approcher de la vérité n’est jamais aisé et il faut savoir affronter l’obscurité pour trouver la lumière. Ainsi a fait Jonas qui, au retour de Ninive, fut avalé par une baleine et en ressortit transfiguré. A la même évolution ont été conduits les héros de Vingt mille lieues sous les mers lesquels, après leur séjour dans le Nautilus et leur découverte de toutes les merveilles recelées par le monde marin, revinrent à la civilisation nantis d’une connaissance nouvelle.
Il semble malgré tout que lorsque un élément aussi étrange résume en lui le bien et le mal, au lieu d’être exclusivement négatif, son intégration à la conscience se révèle plus facile. Une attitude confiante est en effet nécessaire pour l’appréhender et le rapport avec lui est dans ces conditions beaucoup plus riche. Si au contraire il s’assimile au mal dans toute sa force, peuvent en résulter pour l’individu crainte et angoisse l’incitant à le repousser dans une réaction de dégoût, avec pour conséquence le risque de céder au fanatisme. Ce fut le choix de l’Eglise catholique à l’époque chrétienne qui, au nom de sa lutte contre le démon, en vint à se pervertir dans les excès de l’Inquisition. Pour éviter cela, il faut que chacun ait le courage d’affronter son propre dragon. Ainsi saura-t-il user de toute sa liberté.
1. Richard MATHESON, L’homme qui rétrécit, 1956, chapitre 13 p 211, édition Denoël, Folio SF.
2. C.G.JUNG, L’homme à la découverte de son âme, p 290, Edition Albin Michel.
3. E.A.POE, Nouvelles Histoires extraordinaires – William Wilson, p 61, Hachette, Livre de poche
4. E.A.POE, Nouvelles Histoires extraordinaires, Le démon de la perversité, p 7, Hachette, Livre de poche.