Nicolas Flamel : une réputation usurpée ?
Il est probablement l’alchimiste (ou tout au moins supposé tel) sur lequel circulent les informations les plus contradictoires.
Ses dates de naissance et de décès sont estimées approximativement, autour de 1330 pour la première et 1417 ou 1418… pour la seconde. Nous savons seulement qu’il est mort à plus de 80 ans passés. Mais ce n’est pas la seule interrogation qui subsiste à son propos car les thèses les plus documentées sont autant de démentis quant à sa qualité d’alchimiste.
Celle-ci ne repose, en fait, que sur une fortune énorme acquise dans des circonstances inexpliquées. Commençant par être écrivain public, il a acheté, par la suite, une charge de libraire juré et a fait commerce de (beaux) livres. Ce qui est, en revanche, à peu près certain, c’est que son mariage avec la dame Pernelle, deux fois veuve de précédentes unions et réputée comme étant relativement riche, lui a servi incontestablement de marchepied vers les sommets…
Cela dit, Nicolas Flamel a été bien davantage qu’un petit bourgeois aisé ; c’était non seulement un homme établi, mais aussi un philanthrope puisqu’il a employé son argent à construire des hôpitaux et des écoles. Quant aux bâtiments qu’ils possédaient dans Paris (la maison connue comme étant la plus ancienne de la Capitale est la sienne…), leur nombre était considérable. Il est donc assez logique, dans ces conditions, que des questions demeurent à son endroit… et l’alchimie peut constituer une réponse plausible.
Comme beaucoup d’alchimistes, pour ne pas dire la quasi-totalité, le Divin serait intervenu dans son existence. À l’occasion d’un voyage, un ange lui aurait exhibé un livre qu’il aurait revu plusieurs années après et qui aurait déterminé son intérêt pour l’alchimie ( ?). Cette anecdote paraît de plus en plus remise en cause ; en outre, ayant construit sa tombe un peu avant son décès, il y aurait fait tracer des symboles du Grand Œuvre.
Ces inscriptions furent loin de mettre un terme à la polémique car, quelques années plus tard, son tombeau fut ouvert… et on constata qu’il était vide !
Jacques Cœur (1400-1456) : un grand financier… seulement ?
Né (peut-être ?) en 1400, celui qui n’est, à l’origine, qu’un gamin issu d’un milieu relativement modeste a gravi tous les échelons pour parvenir à son apogée (en 1450) à une position équivalente à celle du grand argentier du roi Charles VII.
Son destin s’apparente quelque peu à celui que connaîtra, un peu plus de deux siècles plus tard, un certain Nicolas Fouquet, ministre de Louis XIV… Le malheur de Jacques Cœur a été qu’il s’est entremêlé entre le roi et son fils, le futur Louis XI, et ce, à une époque où son principal soutien, la favorite du roi Agnès Sorel, avait disparu. Bref, il a été condamné et a connu la sordide prison de Poitiers dont il a fini par s’évader avec l’aide de complices.
Rejoignant Rome et le Pape, il a affrété un bateau pour aller combattre les infidèles et a trouvé la mort au large de l’île de Chio, en 1456, probablement suite à un combat avec les Turcs.
Donc la chute a été terrible après les richesses accumulées, conséquences de ses immenses capacités en matière de commerce parfois même à la limite de la légalité – ce qui lui a valu quelques procès. Mais cette opulence provenait-elle uniquement de son génie du commerce ? Beaucoup ont cru y voir des racines alchimiques ; il est vrai que l’homme avait le don d’entretenir le doute en ajoutant des emblèmes alchimiques à son palais de Bourges. Certains sont allés plus loin encore puisqu’ils lui attribuent l’écriture d’un traité intitulé Chimie transmutatoire qui n’a cependant jamais été retrouvé.
S’est-il aventuré vraiment dans cette voie ? Difficile de le savoir mais il est certain, en revanche, qu’il a construit sa fortune sur les monnaies, domaine dans lequel il a spéculé avec, en s’excusant par avance du mot, du génie ; aussi, la tentation a été grande, pour quelques-uns, de franchir le pas en énonçant qu’il s’était attaqué à leur fabrication…
Conclusion sur l’alchimie au Moyen Âge
Ces deux personnages illustrent parfaitement, et ce n’est pas un hasard si nous avons choisi de terminer cette période par eux, l’alchimie métallique des temps médiévaux.
La Renaissance va donner l’occasion à l’alchimie d’opérer un virage complet et de passer à un autre stade avec des options moins mercantiles et plus métaphysiques.
Nous donnons rendez-vous à tous les passionnés de l’alchimie en septembre pour poursuivre son histoire qui se confond avec celle du monde et des sciences…
Toujours est-il que la question continue de passionner tous les historiens de l’alchimie.