Ces deux figures importantes de l’alchimie constituent la dernière partie du triptyque que nous avions envisagé il y a deux mois lorsque nous avons entamé cette galerie de portraits. 


Par rapport aux derniers nommés (Albert le Grand, Roger Bacon, Raymond Lulle ou Arnaud de Villeneuve), arrivant beaucoup plus tard que leurs homologues dans l’histoire de l’alchimie, ils sont intéressants par leurs différences. 

Basile Valentin

Tout d’abord, demandons-nous si le personnage a réellement existé ? C’est assez douteux... D’aucuns ont même affirmé que plusieurs individus se cachaient sous son identité. De ce fait, son existence est signalée généralement au XVe siècle, mais d’aucuns sont aussi partisans su XVIIe siècle… 
La postérité l’a néanmoins reconnu comme étant à l’origine surtout de l’antimoine (n’oublions pas de mentionner, dans son œuvre, Le char triomphal de l’antimoine, mais aussi les Douze Clefs, l’Azote ou encore la Révélation des teintures des métaux…).

Il est amusant, pour l’anecdote, de raconter brièvement l’origine de l’antimoine qui serait liée à l’alchimiste Basile Valentin (à condition qu’il ait vécu…). Il aurait remarqué que, dans sa région natale (aux environs d’Erfurt), les pourceaux d’un couvent engraissaient en mangeant des résidus de gisement répandus sur le sol. Basile Valentin aurait alors suggéré aux moines du couvent de les incorporer dans leur alimentation… Ces derniers seraient tous tombés comme des mouches, d’où le nom donné à cette substance d’anti-moine devenant antimoine en un seul mot !

Mais Basile Valentin aurait fourni des allégories et des explications sur l’alchimie en général et c’est en cela qu’il faut s’arrêter à son endroit. Selon lui, l’analogie entre les métaux et l’homme est patente : les deux naissaient d’une semence mâle et femelle, puis évoluaient… Les hommes étaient tous les mêmes, biologiquement pourrions-nous dire pour user d’un vocabulaire moderne, tout en étant d’une grande diversité. Il en était de même des métaux, puisque certains, imparfaits au départ, devenaient ensuite perfectibles.
Si Basile Valentin admettait les Principes de l’alchimie (le Soufre, le Mercure, le Sel) il en ajoutait un quatrième qui était un esprit qualifié de « métallique ». Sous ce terme, il fallait entendre, en réalité, la terre nourricière qui se comportait vis-à-vis des métaux comme une mère le faisait avec ses enfants. Et notre adepte de poursuivre en précisant que le premier homme, Adam, avait été constitué d’abord des quatre éléments (terre, eau, air et feu… Toujours la référence à Aristote), puis d’âme, d’esprit et de corps et enfin des Principes alchimiques (Soufre, Mercure et Sel). Pour lui, l’homme et la pierre obéissaient donc au même processus.

Et si les métaux pouvaient changer d’aspect, c’est qu’ils le devaient aux influences célestes qu’ils subissaient. Basile Valentin s’intéressait, par voie de conséquences, à celles-ci, distinguant trois variétés de monde céleste :

  • le monde surcéleste qui était, selon lui, la source de la vie et de l’âme de chaque chose ;
  • le monde céleste, là, plus classique puisqu’il correspondait, dans sa logique, aux planètes et aux astres et que c’était de cette partie que pouvaient être engendrés les métaux ;
  • le monde élémentaire ou typique où étaient réunis tous les éléments et les créatures sublunaires.

Dans la mesure où le personnage est une énigme, il n’est pas surprenant que beaucoup de choses lui soient attribuées : en dehors de l’origine de l’antimoine, certains lui reconnaissent celle de la fameuse formule V.I.T.R.I.O.L que nous avions explicitée lors d’un précédent article ainsi que le mot de précipité qui a eu un bel avenir dans la chimie depuis lors…

Le comte Bernard de Trévise

Autrement dit le Trévisan, qui vécut de 1406 à 1490 et qui, en bon alchimiste qu’il était, dilapida sa fortune en s’essayant à trouver le Grand Œuvre. Si nous ne pouvons qu’être sensible à toutes les souffrances pécuniaires qu’il a dû endurer (les charlatans étaient nombreux à l’époque…), ce n’est pourtant pas la fortune du Trévisan, s’effilochant telle une peau de chagrin, qui retiendra l’attention.

Nous retrouvons avec lui un peu les idées de Basile Valentin et il est permis de s’interroger, dans la mesure où l’existence de ce dernier pose problème – comme il a été dit plus haut –, s’il y a seulement des analogies entre les deux individus ou un peu plus.

En fait, la réponse importe peu puisque sa perception de l’alchimie nous est parvenue. S’il reconnaissait, lui aussi, le postulat des quatre éléments, il innovait en introduisant la notion de proportion dans l’union des éléments provoquant la diversité. Pour lui, c’était également le mouvement des corps célestes associé à celui du feu qui induisait aux mines des couches terrestres des modifications de propriétés et, de là, la transformation des métaux pouvant, par étape successives, donner de l’or.
Comme il l’a écrit, c’était « le feu dirigé activement et convenablement » qui pouvait suppléer la nature et faire, de manière accélérée, ce que celle-ci n’avait pas réussi à produire dans un temps plus court. De là surgissait, selon Le Trévisan, une opposition entre la nature et l’alchimie, la première ne menant qu’a des métaux morts tandis que ceux obtenus par la pierre philosophale, qui était assimilée à un ferment, point de vue qui sera repris ultérieurement par d’autres alchimistes.

Pour terminer, ce qui fait encore bien plus l’originalité des théories du Trévisan est le fait qu’il a privilégié la forme, c’est-à-dire, les différents ordres de combinaison et d’arrangement des éléments.

Si, avec ces deux personnages, se termine l’énumération des principaux alchimistes reconnus comme tels au Moyen Âge, il ne faut pas oublier que d’autres figures, à priori loin de la Pierre philosophale, comme des princes ou des papes ainsi que des marchands…, ont aussi tenté d’approcher le Grand Œuvre et c’est à eux que nous consacrerons nos prochains articles.

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